1776-04-05, de Anne Louise Élie de Beaumont à Voltaire [François Marie Arouet].

Ne faut il pas bien de l'assurance, Monsieur, pour oser vous offrir cette production?
Vos anciennes bontés m'en donnent la confiance, et puis je marche sous les auspices de feuë Mad de Tencin. Cet ouvrage est le sien. Elle en a fait les deux premières partiës. Mr le comte d'Argental qui a trouvé son manuscrit dans les papiers de Mr de Pondevel à sa mort, me pria l'an passé de finir ce roman; je l'ai fait. La troisième partie est de moi. Je me suis apliquée à ne m'écarter ni des plans de Mad de Tencin, ni de l'histoire dans les faits importants. Si vous daignez, Monsieur, y jetter les yeux j'espère que vous y trouverés ce mérite. Chaque auteur s'honore de vous offrir le tribut de ses ouvrages. C'est pour vous, sans doute, souvent un hommage importun. Je me trouverai très heureuse si vous agrées le mien et les assurances des sentiments d'admiration, de respect et d'attachement avec lesquels je suis,

Monsieur,

Vôtre très humble et très obéïssante servante

Morin Beaumont

Permettés vous, Monsieur que mon mari vous assure de tout son respect? Madame Denis voudra t'elle bien aussi recevoir nos hommages?