1776-01-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Vous avez fait, Monsieur, un beau coup de partie par vôtre négociation avec Berne.
Vous êtes toujours le bienfaicteur de nôtre petit païs.

Il serait, ce me semble, très nécessaire, que vous assemblassiez les Etats tous les mois. Il faut que nous tâchions d'obtenir de Mr Turgot qu'il défasse ce que Mr L'abbé Terray a fait, qu'il nous rende le canton de Lelex, à nous donné par la nature, et à nous arraché par Mr L'abbé.

Il faut que nous obtenions de Mr Defargès, la liberté des cuirs, comme nous avons obtenu la liberté des bleds.

Il me semble que le païs de Gex n'est point réputé province étrangère dans la déclaration du roi. Ce mot de province étrangère me choque furieusement l'oreille. Comment peut-on être étranger quand on paie trente mille francs par an à la ferme générale du Roi?

Les commis répandus sur la frontière vèxent tous ceux qui nous aportent du Comestible, et tout ce qui est nécessaire à la vie. Celà est intolérable.

Je voudrais bien que tous nos griefs fussent redressés. On est obligé malheureusement de s'adresser à quatre ou cinq départements différents

Je serai toujours vôtre fidèle commissionaire. Je serai à vos ordres jusquà ce que je meure.

J'ai l'honneur d'être avec un respectueux attachement, Monsieur, vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire