9e 8bre 1775
Mon cher ange, il n'y a que vôtre amitié qui puisse me consoler dans les nouveaux tourments que j'essuie.
On me mande que j'ai bien sérieusement à me plaindre d'un de mes confrères de l'académie, et ce confrère est, dit-on, Mr L'archevêque de Toulouse. En sauriez vous quelque chose, et pouriez vous me dire ce qui en est?
Je supose que vous voiez quelquefois Mr De Trudaine. Si celà est vrai, ce serait encor à vous que je m'adresserais pour l'encourager à faire le bien nécessaire qu'il a promis à ma Colonie. Il semble qu'il ait refusé d'entendre Made De st Julien, quoi qu'il soit très naturel que la sœur du commandant d'une province solicite en sa faveur.
J'oserais donc vous prier de parler à Mr De Trudaine si vous êtes lié avec lui, et à Mr L'Archevêque de Toulouse si vous le rencontrez.
Peutêtre Made De St Julien, à qui je viens d'écrire pour les intérêts de la Colonie, connait cet archevêque; peutêtre la place de son mari l'a t-elle mise à portée de voir ce prélat, qui a, dit-on, beaucoup d'esprit et de lumières. Mais Made De st Julien en partant de nôtre petite retraitte, et aiant daigné se charger de tous nos intérêts avec tant de bonté, a tant de choses à demander, que je crains de la fatiguer encor. Je vous suplie, mon cher ange, de vous unir à elle, soit pour déterminer Mr De Trudaine, soit pour savoir ce que pense Mr L'arch: de Toulouse. Je crains encor que ma demande ne soit indiscrète, et je crains surtout que ma Lettre ne parte point, et que l'heure de la poste ne soit passée.
V.
Lundy 9e 8bre à 9 heurs 1/2 du matin