Paris, ce 1er 8bre 1775
Je vous dois bien des remerciements, monsieur, pour la bonne nouvelle que vous avez bien voulu me donner, et des compliments sans nombre sur le rétablissement de votre santé.
Je suis votre conseil pour tâcher d'obtenir le cadeau de l'édition des oeuvres de mr de Voltaire; je lui écris en conséquence, et je fais plus, car j'ose vous prier de vouloir bien lui remettre vous même ma lettre, et de l'appuyer de votre recommandation; si ce moment ne me réussit pas, je prendrai le parti de l'acheter; mais je vous avoue que j'aurai un regret éternel de ne pouvoir ranger ce bienfait au nombre de tous ceux que je tiens d'un aussi grand homme.
Tout ce que vous m'apprenez, monsieur, de l'accroissement de la colonie, me flatte infiniment; je ne regrette qu'une seule chose, c'est que son fondateur n'ait pas trente ans de moins; dieu devrait faire un tel miracle pour le bonheur de l'humanité.
Adieu, monsieur, j'ose vous recommander mes petits intérêts, j'ose encore vous prier de me rappeler au souvenir de notre famille aimable et de tous les habitants du château de Ferney.
Pour moi je n'oublierai jamais avec quelle bonté on a daigné m'y recevoir, et surtout le bonheur de vous y avoir connu; je suis bien sincèrement avec la plus profonde estime
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Lekain