24e auguste 1775
J'ai reçu de vous, mon aimable ami, une Lettre datée de Lyon du 14 auguste, ou aoust, dans le temps que je vous croiais à Paris.
Vous me parlez d'une plainte que le Concile des augustins a faitte contre le profane Laharpe. Ce profane couronné de deux Lauriers, ne me parle point de cette plainte sacrée. Mais ces messieurs du Concile sont toujours aussi redoutables qu'il sont vénérables; et je les respecte au point que je crois devoir rester toujours le plus loin d'eux que je pourai.
Vous ne doutez pas que je ne fusse charmé de me trouver quelque tems à Paris entre vous et vos amis; mais je pense qu'il faut que l'hermite Paul meure dans sa Thebaïde. Le fracas du monde est trop à craindre. Deplus, nous bâtissons actuellement vingt monastères nouveaux pour des pénitents et des pénitentes qui viennent servir Dieu dans nos déserts.
Je ne connais point le mémoire nouveau de la famille st Vincent, et je doute qu'on ait pu faire quelque chose de raisonnable dans une affaire si infâme. Si vous avez cette pièce je vous serai très obligé de me l'envoier, car il faut que j'aie tout ce qui s'est fait dans cet étrange procez qui ne finira sitôt. J'aimerais bien mieux avoir quelque nouvel ouvrage de vous, quelque jolie pièce de vers, telle que vous en faittes si souvent, et j'aimerais encor mieux vous avoir à Ferney, car il n'y a que vôtre personne que je puisse préférer à vos ouvrages. Made Denis qui pense comme moi vous regrete, et soupire après vous. Souvenez vous de nous quand vous souperez avec Mr D'Argental.
V.