à Genève, le 5 juillet 1775
C'était l'amitié, monsieur, qui devait me mener au temple de la bienfaisance.
Je vous envoie mes passeports, dont mon empressement et votre complaisance ont prévenu les effets. J'ai le coeur plein de vos bontés; votre gaieté est un phénomène qui ne sort point de mon esprit. Vous m'avez montré que le temps ne peut rien sur l'âme lorsque l'on ne laisse engourdir aucun de ses ressorts. Vous serez éternel, vous resterez toujours parmi nous sans être sujet aux lois de la nature. Vous en avez déjà franchi l'ordre, et, par degrés, votre être a déjà pris cette existence aérienne, l'accoutrement de l'immortalité. Voilà ce que l'on pense lorsque l'on vous a vu; voilà ce qu'il faut penser pour se consoler de vous quitter.
La Borde me demande votre portrait, et je regrette bien de ne vous avoir pas demandé, à titre de l'amitié que vous lui accordez, la permission de le faire d'après vous.
Je présents mes respects à mme Denis, et mes compliments à m. Adam.
Je suis, avec la tendre vénération que vous inspirez,
Mon très respectable camarade,
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Denon