1775-05-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Frédéric Gabriel Christin.

Mon cher ami, c'est dommage que vous ne soiez point à Ferney.
Vous partageriez la fête qu'on donne Jeudy 18 du mois, pour la convalescence de Made Denis. Nous avons des compagnies d'infanterie et de cavalerie, des cocardes, des Timbales, des violons, et trois cent couverts en plein air. Mais on vous donnera une plus belle fête en franche Comté quand vous aurez brisé pour jamais les fers des citoiens enchainés par des moines.

M. Nekre, agent de Genêve à Paris, vient de publier un gros volume contre la liberté du commerce des grains, et celà tout juste dans le tems de la sédition ambulante qui est allée de Pontoise à Paris et à Versailles, jettant dans la rivière tout ce qu'elle trouvait de bled et de farine, pour avoir de quoi manger.

Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher Cicéron de mont Jura.

V.