à Ferney 19^e avril 1775

Monsieur,

Monsieur De Trudaine était après vous l'homme de France que j'aurais le plus souhaitté pour arbitre des intérêts de ce petit païs de Gex dont j'ai fait ma patrie.

Quoique je me pique d'être bon citoien, cependant je vous avoue que j'aurais autant aimé lire le Menzikof de mon cher M^r Laharpe qu'un arrêt du conseil favorable à nos demandes. Je n'ai point reçu cet ouvrage que vous m'annoncez, ce sera apparamment par le premier courier. Je vous en remercie d'avance. J'aime M^r de La Harpe autant que j'estime ses grands talents, et je l'aime d'autant plus que je sais combien il vous est attaché. Je commence à vous l'être autant que lui.

J'ai l'honneur d'être avec la plus respectueuse reconnaissance

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire