26e fév. 1775
Raton a été bien malade dans son trou.
Raton a de fréquents avertissements de partir pour aller trouver ses confrères Dupré de st Maur et Châteaubrun qui ne tiraient pourtant pas les marons du feu. Voilà pourquoi il a été si longtems sans remercier les deux Bertrands ses Seigneurs et maîtres. Il n'en peut plus, ce pauvre Raton, il se gardera bien de brûler ce qui lui reste de pattes par trop de précipitation dans l'affaire du jeune homme qu'on a voulu brûler tout entier. Il attend, et il attendra tant qu'il faudra, car le maître du jeune homme lui accorde tout le tems nécessaire; et il ne fera rien assurément, Monsieur, sans vous le communiquer.
J'ai bien des grâces à rendre à Mr de Malzherbes, et je les lui rends du fond de mon cœur dans une Lettre que je lui écris. Je profite de l'adresse que vous avez eu la bonté de me donner pour vous faire passer deux éxemplaires de la seconde édition de Don Pedre, la première ne se trouve plus à Genêve et je la crois tout entière à Paris. Je vous prie seulement de daigner jetter un coup d'œil sur la dernière note de la Tactique qui se trouve à la fin de l'ouvrage. Elle est curieuse par les faits; et malheureusement elle sera inutile au genre humain. La guerre est le second fléau de la terre; et le premier est celui qui égorge, qui met en pièces, et qui jette dans les flammes deux jeunes gentilhommes d'un rare mérite pour n'avoir pas salué une procession de capucins. Je suis à vos ordres et à vos pieds jusqu'au moment de ma destruction.
V.