1774-01-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis François de Monteynard, marquis de Monteynard.

Monseigneur,

Il n’apartient point du tout à un vieillard inutile de vous fatiguer de ses compliments encor plus inutiles que lui. Mais s’il est vrai que le Roi ait dit que vous deviez compter parmi vos amis vôtre probité et lui, permettez moi de vous dire qu’outre ces deux amis là vous avez de très respectueux serviteurs qui font des voeux pour vôtre prospérité et je suis confondu dans cette foule.

Je me flatte que vous avez été content du travail que vous daignâtes confier l’année passée à Mr Dupuits ainsi que de celui qu’il fit sous vos ordres il y a deux ans. Vous le trouverez toujours prêt à vous servir avec la plus grande éxactitude et la plus grande diligence. Je sais qu’il a couru cinq cent lieues en peu de temps sans que cette rapidité nuisît à l’intelligence avec laquelle il a tout remarqué.

Je suis en droit, Monseigneur, de vous représenter son empressement à vous obéir, d’autant plus qu’il ne s’est point fait valoir, et qu’il ne vous a parlé ni de ses peines, ni de l’argent qu’il a été obligé d’emprunter pour faire ses voiages, ni d’aucune récompense. Je me borne à vous assurer de son zèle, et à souhaitter qu’il reçoive longtemps des ordres d’un ministre aussi équitable et aussi éclairé que vous.

J’ai l’honneur d’être avec un profond respect

Mgr.