1773-12-13, de Voltaire [François Marie Arouet] à Conseil de régence de Montbéliard.

Messieurs,

Quoique j’aie quatre vingts ans, et que je ne doive pas espérer de vivre jusqu’à 1775, cependant, je suis très flatté de pouvoir avant de mourir donner une marque de mon respectueux attachement à Son Altesse Sérénissime, et de ma confiance en vos bontés.

Vous aurez donc pour agréable de me rembourser dans l’année 1775, puisque vous le proposez.

Si vous pouvez seulement me paier cinq mille Livres sur cette dette en 1774, vous me tirerez d’un assez grand embarras. Ce sera autant de diminué sur le remboursement. J’attendrai les ordres que vous donnerez à vos receveurs; ils suffiront sans autre contract, et sans autre embaras.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois

Messieurs

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

PS: Permettez moi d’ajouter à ma Lettre, qu’il m’est très important que vous vouliez bien ordonner soit à vos receveurs, soit à vos fermiers, de m’envoier mes paiments en argent comptant chez moi, selon toutes nos conventions. On m’a paié souvent en Lettres de change à longs termes, sur lesquelles j’ai perdu plus de sept à huit pour cent quand je les ai négociées à Genêve. Plusieurs Lettres même ont été protestées, et il a fallu les renvoier, ce qui m’a causé des pertes considérables. Je n’ai tardé un peu d’envoier mes reçus au sr Meiner que parce que je n’ai reçu que très tard la nouvelle du paiement de ses Lettres de change sur Paris. Je lui ai donné mes reçus dès que j’ai pu le faire, et je suis entièrement en règle.