1773-10-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Frédéric Gabriel Christin.

Avez vous vu, mon cher ami, une pauvre femme francomtoise, à qui un conseiller de vôtre ancien parlement a voulu persuader qu’elle était son esclave, et à qui on a enlevé tout, jusqu’à sa chemise?

J’ai recours à vous, mon cher philosophe, en plus d’un genre. Je voudrais trouver, dans les instituts de Justinien l’endroit où il est parlé de l’ancienne loi des douze tables qui permet aux pères, de vendre leurs enfans deux fois, loi abolie par l’humanité de Diocletien, qu’on fait passer parmi nous pour un monstre, et rétablie par Constantin qu’on nous donne pour un saint. Si vous pouvez trouver ces deux loix du méchant Dioclétien et du bon Constantin, vous me rendrez un grand service, car il n’y a point dans mon Justinien de grande table de matières. Mon édition est de 1756, chez les Cramer.

Mandez moi un peu de vos nouvelles. Je vous embrasse bien tendrement.

Le vieux malade V.