1773-10-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Joachim de Pierres, cardinal de Bernis.

Ceci n'est pas Monseigneur une affaire d'académie, ce ne sont pas levia carmina et faciles versus.
Pourquoy m'envoie t'on, à moy solitaire, à moy octogénaire malade cette lettre attribuée à l'évêque d'Amiens? Je ne puis croire qu'elle soit de lui. Mais elle est sûrement de la faction, et je crois bien faire de l'envoier à votre Eminence.

S'il arrivait que vous la fissiez lire au pape, je vous supplierais de lui dire que j'obéis parfaitement à un article de sa bulle. Je ne parle ni en bien ni en mal des jésuites ni du diable. Je trouve le pape très sage, très habile, très digne de gouverner. Tous nos genevois et tous nos suisses, gens plus difficiles qu'on ne pense, l'estiment et le révèrent; et je pense comme eux.

J'ay eu le bonheur de contribuer un peu au gain du singulier procès de M. le comte de Morangies. Je le crois une de vos ouailles. C'était une brebis qui était poursuivie par des renards et des loups qu'il fallait pendre.

Nota bene que ce petit billet que je prends la liberté de vous écrire est tout entier de ma main. Cela n'est pas mal pour un vieillard de quatrevingt ans, qui n'en peut plus. Si jamais j'en ai cent, je serai attaché à votre Eminence comme ajourdui.

Conservez moi vos bontés si vous voulez que j'aille jusqu'à la centaine.

Baccio umilmente il limbo di sua porpora, overo purpura.

le vieux de la montagne V.