1773-08-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Jean Villemain d'Abancourt.

Le vieux malade de Ferney vous remercie, M., avec la plus grande sensibilité.
Il ressemble à ces vieux chevaliers, qui ne pouvaient plus combattre en champ clos; ils étaient exoïnes, comme dit la chronique, et un jeune chevalier plein de courage prenait leur deffense.

Je n'aurais jamais si bien combattu que vous, M. Je rends grâce à ma vieillesse qui m'a valu un si brave champion. Vous êtes entré dans la lice accompagné des grâces. Le bon Roy René dit: quand ly preux chevalier se démène si gentiment, il rengrege l'amitié de sa Dame.

Je ne doute pas que vous ne plaisiez fort à la vôtre. Pour moi je ne sçais si les agrémens de votre stile ne m'ont point fait encore plus de plaisir que votre combat ne m'a fait d'honneur.

Agréez M., la reconnaissance bien sincère de votre &ca.