1773-06-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Paul Claude Moultou.

En vous remerciant, mon cher monsieur.
Il faut tout lire. Il me parait, à vue de païs, que la pluspart des auteurs anglais font aujourd’hui des extraits de gazettes. L’abbé Reynal vaut encor mieux avec tout son fatras; dumoins il a de l’esprit.

Je songe à venger la mémoire de Lally. On songe actuellement en Angleterre à dépouiller le Lord Clive. Les Anglais sont des vainqueurs qui se battent pour le partage des dépouilles; les Français vaincus se sont donnés sur les oreilles avec leurs chaines.

J’oubliai de vous dire dans la dernière visite que vous eûtes la bonté de me faire, qu’on a mis dans la gazette ecclésiastique un détail très circonstancié de l’avanture de L’Evêque d’Apt. Il parait que ce détail a été donné par la famille de Mr De Monclar.

Bon soir mon très cher philosophe.

V.