10e avril 1773, à Ferney
Je viens de retrouver une Lettre de Clément qu'il est bon de faire connaître à mon cher successeur.
Il n'y a pas six mois d'intervale entre cette Lettre tout à fait cordiale, et les pouilles qu'il nous chante à tout deux. Celà prouve que les grands hommes changent d'opinion volontiers, et se rétractent comme St Augustin. Le mercure me paraît le greffe où cette Lettre doit être déposée avec quelques petites réflexions de vôtre part sur les progrès que font en peu de tems les hommes de génie, et sur la rapidité avec laquelle ils passent du pour au contre.
Je ne sais quand vous recevrez les loix de Minos; la contrebande devient difficile. La pièce est suivie de notes fort édifiantes; du discours de l'avocat Belleguier, et de plusieurs pièces dans ce goût qui ne passeront jamais à la douane de la pensée.
Que ne puis je lire vos Barmecides! que ne puis-je les voir jouer et revenir achever de mourir au mont Jura!
Adieu mon cher ami.
V.