10e avril 1773, à Ferney
Vraiment c'est bien vous, Monsieur, qui avez plus d'un ton.
Il s'en faut bien, à mon gré, que Vert-vert, avec ses B et ses f, qui voltigeaient sur son bec, soit aussi agréable que Paparilla. Quand vous aurez mis la dernière main à cet agréable ouvrage il sera un des meilleurs que nous aions dans ce genre en italien et en français.
Nous avons à Genêve un homme dont le nom était précisément celui du premier héros du poëme; il a changé son nom en celui de Planteamour, comme l'ex-jesuite Fesse de Lyon, qui m'a volé pendant trois ans de suitte, avait changé son nom en celui de Père Fessi.
Je crois que les notes à la suitte des loix de Minos ne vous auront pas déplu, et que vous serez content du discours de l'avocat Belleguier pour les prix de l'université. Que dites vous du Recteur qui ne sait pas le latin, et qui a pris magis pour Minus?
Vous pouriez me rendre un bien bon office auprés de Made Lobreau et de ses acteurs. Ce serait d'assister à une répétition des loix de Minos, et de vouloir bien lui dire vôtre avis. Je comptais être en état de venir moi même à Lyon demander vos conseils, mais l'état déplorable de ma santé, ne me permet pas l'espérance de vous revoir sitôt. Il est bien triste pour moi de ne vous aimer que de loin depuis si longtemps. Vôtre amitié est la consolation la plus flatteuse de V. t: h. o. s.
Le vieux malade de Ferney V.