18e janv: 1773
On ne peut faire une aumône de cinquante Louis plus plaisamment; on ne peut se moquer d’un sot avec plus de noblesse.
Ce trait, mon cher ami, figurera fort bien dans l’histoire de l’académie qui sera moins minutieuse que celle de Pelisson, et qui ne sera pas pédante comme celle de D’Olivet.
Je me garderai bien de rien offrir en mon propre et privé nom à Christophe. Il me dirait, Que ton argent périsse avec toi! Alors il jouerait le beau rôle et j’en serais pour mon ridicule.
En relisant ma Lettre sur Mr le comte De Hessenstin, je ne vois rien qui en doive empêcher l’impression. Nous verrons si le cuistre de Sorbonne qu’on a donné pour censeur aux journaux sera plus difficile que moi. Je vous remercie de vôtre attention et de vôtre délicatesse sur ce petit point.
Je ne connais point cet avant-coureur, j’ignore quelle est la belle âme qui a si bien traduit le latin de Cogé pécus.
L’avocat Belleguier est toujours persuadé qu’il aura un accessit le grand jour de la distribution des prix de l’université. Il voudrait vous avoir déjà confié son ouvrage; mais sûrement la semaine où nous entrons ne se passera pas sans qu’on vous en envoie quelques éxemplaires, et vous en aurez de poste en poste; vous les pourez faire circuler par l’homme intelligent qui fait si bien les commissions à la sacristie de st Roc.
J’ai fait ce que j’ai pu auprès de Mr Belleguier pour l’engager à être un peu plus plaisant, et à moins tourner le poignard dans la plaie; mais il n’est pas possible de donner de la gaieté et de la légèreté à un vieil avocat. Ces gens là aiment trop L’ithos et le pathos. J’ai peur que ce Mr Belleguier ne se fasse des affaires, mais je m’en lave les mains.
Vous avez dû, mon cher Bertrand, recevoir deux Lettres de Raton, l’une de Mr Bacon, substitut de Mr le procureur général, l’autre par Mr Marin. Que Dieu vous tienne en joie!
Raton