17^e Mars 1773

Mon cher ami, je crois, Dieu me pardonne, que je suis encor en vie.
En ce cas, je vous prie d’envoier un éxemplaire de mon petit factum à M^r De La Harpe.

Je persiste à vous dire que M^r de Morangies s’est bien mal conduit dans toute cette affaire depuis le premier pas jusqu’au dernier, et je serai bien étonné s’il ne succombe pas. Vôtre Lettre de change sur lui est elle considérable?

Vous avez eu sans doute la bonté de faire parvenir ma Lettre à ce pauvre Desbruguieres qui a la sotte vanité Welches de s’intuler à la tête de son mémoire officier d’infanterie. C’est signer sa condamnation; car de quel droit un officier d’infanterie fait-il mettre des menottes à un gradué?

Plusieurs personne me mandent que mon mémoire les a convaincues de l’innocence de M^r De Morangiés, et qu’il perdra son procez. Je crois avoir gagné le mien contre l’avocat Lacroix, mais je voudrais l’avoir perdu, et que M^r de Morangiés gagnât le sien.

Je compte aujourd’hui, jour de poste, recevoir de vos bontés un éxemplaire de son mémoire, de l’édition de Paris.

A l’égard de l’édition des loix de Minos, ce maraut de Valade soutient toujours qu’il a imprimé sa détestable rapsodie sur l’édition de Genêve, et M^r de Sartine l’a cru, quoique l’édition de Genêve ne soit point encor achevée, et qu’elle soit absolument différente. Rien ne réussit aux gens qui sont trop loin.

le vieux malade V.