31e 8bre 1772 à Ferney
Pardonnez encor une fois à un vieillard qui lutte contre les douleurs de vous remercier si tard.
Je n’en suis pas moins, Monsieur le Marquis, reconnaissant de vos faveurs. Il est très vrai que vous faittes mieux des vers que l’homme dont vous me parlez, mais je ne crois pas que vous augmentiez vôtre fortune comme comme il arrondit la sienne. Vôtre Lyre est plus harmonieuse, il a pour lui la flûte, le tambour et le coffre fort.
Je crois que L’abbé Mignot mon neveu mérite l’éloge dont vous l’honorez. Je suis bien loin de me croire digne des fleurs que vous jettez sur le drap mortuaire dont je vais bientôt être embéguiné. J’écrivis il y a quelque tems à Horace qui est de vôtre connaissance, mais je n’ai pas osé rendre ma Lettre publique, attendu que je lui ai parlé un peu librement, mais je prendrai encor plus de liberté quand je le verrai.
Je prends avec vous celle de recommander à vôtre indulgence les loix de Minos. Vous verrez un beau tapage le jour de l’audiance. Vous êtes dans un païs où tout est cabale, et loin duquel je fais très bien de mourir en vous étant très tendrement attaché.
V.