ce 28 octobre 1772
N’allez pas croire que je vous suis fort obligée, ne vous attendez pas à des remerciemens; loin de vous en devoir, si nous étions dans le tems des actes des apôtres, vous moureriés subitement.
Les pauvres gens qui subirent ce châtiment étoient moins coupables que vous.
Je vous nommeray dix personnes qui ont vôtre Epitre à Horace, vous m’en parlés, vous me l’offrez, vous n’attendez que mon consentement pour me l’envoyer; je me hâte de vous marquer mon empressement, vôtre réponse se fait attendre mille ans, et finit par être un refus; c’est là Comme vous traitéz vos amis, c’est à ceux qui vous déchirent les oreilles, c’est à ceux à qui vous devriés les tirer que vous communiquez ce que vous avez de plus précieux, que vous confiéz vos secrets, dont ils donnent des copies à tous leurs bons amis, dont je n’ay pas L’honneur d’être; pour dédomagement vous voulés bien me procurer d’entendre les loix de Minos. J’accepte cette faveur, mais elle ne répare point vos torts; et si vous vous souciéz d’estre bien avec moy, si vous vouléz que je ne vous croie pas un donneur de galbanum, vous m’enverrez sans tarder un moment, vôtre Epitre à Horace.
Je compte admettre à la lecture de vos loix de Minos Mr. et Md. de Beauveau, Mrs Crafurnt et Pontdeveyle; ce dernier sera le porteur de vôtre billet; je n’en feray usage que vers le dix ou le douze du mois prochain; les Beauveaus ne reviendrons de Fontainebleau que dans ce tems là; vous voyez bien qu’il y a tout l’interval qu’il faut pour réparer vos torts, ce qui est fort important pour me rendre auditeur Bénévole.
Nous traiterons l’article de la grand maman une autre fois; mais pour le présent point de paix ni de trève que je n’aie vôtre Epitre; voilà quelles sont mes loix, quand vous les aurez exécutées je recevray celles de Minos, avec le respect, la soumission qu’elles méritent.
Adieu.