23e 8bre 1772
Voicy, mon cher ami, de nouvelles probabilités qui m’ont paru nécessaires.
Il s’agit de bien distinguer icy la forme du fond, et l’arrêt qui dépend des juges de l’honneur qui n’en dépend pas. Il est certain que la prévention est contre Mr de Morangiés; mais il me parait à moi très certain qu’il ne peut être coupable.
Ce qui frape le plus les juges c’est le mistère qu’il a voulu mettre à un emprunt considérable qui ne se peut jamais faire secrettement. Ses billets d’ailleurs parlent contre lui, et si des témoins qu’il est difficile de convaincre persistent à déposer en faveur des Dujonquay, je ne vois pas qu’il puisse gagner sa cause. Mais il ne faut pas qu’il la perde au tribunal du public.
Je crois donc qu’il est de la dernière importance de séparer bien nettement son honneur de ses cent mille écus. J’espère toujours qu’il ne sera pas condamné à paier ce qu’il ne doit point. Mais enfin ce malheur peut arriver et il faut le prévenir. Je crois que c’est le tour le plus favorable qu’on pouvait prendre, et que cette manière d’envisager la chose peut servir même auprès des juges comme auprès de tous ceux qui ne sont pas instruits.
Le plus grand avantage de ce mémoire c’est qu’il est très court. Les longs plaidoiers fatiguent tous les lecteurs. J’en enverrai autant d’exemplaires qu’on voudra, vous n’avez qu’à parler.
J’attends le dépositaire. Je ne sais ce que c’est qu’Albert et Adeline. Le Doien des clercs et sa sœur vous font les plus tendres compliments.
Je recommande les incluses à vos bontés.