1774-03-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Claude Marin.

Nous vivons donc, mon cher ami, dans le siècle des ridicules et des impertinences.
Sauve qui peut. Vôtre Lettre m’aprend des choses que je ne savais pas. Il ne manquait aux absurdités, et aux scélératesses dont on est inondé que l’insolence d’une requête des Vernons en cassation d’arrêt. J’ai une Lettre de change sur un Veron à Paris, mais je me flatte qu’il n’est pas parent de la vieille aux cent mille écus.

On me mande qu’il y a un Taureau blanc échapé dans Paris qui frape de ses cornes pour un écu. Ne pouriez vous point engager Monsieur De Sartine à ordonner discrètement qu’on ne laissât point sortir ce Taureau de son écurie? Il y a plus d’un an que je l’avais entièrement perdu de vue. Je suis très affligé qu’on le laisse courir ainsi. Il y a trop de gens qui voudraient manger mon Taureau et moi.

Ma strangurie m’a repris. Je serai très fâché de quitter le païs des Taureaux, des singes, des chats et des rats, sans avoir eu la consolation de vivre quelques jours avec vous.

Voulez vous bien avoir la bonté de donner cours aux incluses?

V.