6e avril 1772
Mes anges sauront que j'épuise tout mon savoir faire à suspendre l'édition de la tragédie de notre jeune avocat; je crois que j'y parviendrai, mais je me flatte que le quinque en considération de mes services pourra faire passer à la rentrée le bonhomme Teucer subrogé aux droits des Guèbres; car il me semble qu'on peut céder son droit à qui on veut, et que le tripot est le maître de substituer Crétois à Guèbres, en changeant gué en cré, et bres en tois.
De plus, je ne doute pas que mon avocat qui plaide pour rien, ne donne à Teucer et à la demoiselle Astérie les émoluments de sa drôlerie. Ils pourraient sur ce pied là s'obstiner à dire, Nous voulons faire le voyage de Crète avant le voyage d'Espagne. Don Pèdre se soutiendra toujours par lui même, mais Teucer a besoin d'un temps favorable. Si cette négociation est trop difficile, il faudrait du moins être sûr qu'il n'y aurait point d'intervalle entre l'Espagne et la Crète. L'avocat demande votre avis sur ce point de droit comme à un fameux jurisconsulte. Vous savez de quelle docilité il a été dans son factum, et il espère surtout qu'un ancien conseiller de grand'chambre lui sera favorable dans cette conjoncture critique.
Voilà tout ce qu'il peut dire à présent pour sa cause.
maître du Roncel, avocat | monsieur D…, rapporteur |
L'Ouvreur de Loge, procureur | monsieur de T…, solliciteur |