3e avril 1772
Mes anges ont voulu des changements; les voilà.
S’ils n’en sont pas contents, mr du Roncel est homme à en faire d’autres; c’est un homme très facile en affaires, un peu goguenard, à la vérité, mais dans le fond bon diable.
Il croit que le quinque se moque de lui quand le quinque lui propose de nommer aux premières dignités de la Crête. Il dit que c’est au jeune candidat qui a lu la pièce, à nommer les grands officiers de la cour de Teucer. C’est à ce jeune candidat qu’on peut transférer l’ancien droit des Guèbres. Songez, au reste, que mon avocat est un pauvre provincial qui n’a pas la moindre connaissance des tripots de Paris. Amusez vous, faites comme il vous plaira. Notre du Roncel dit que si on ne plaide pas sa cause à Paris il l’ira plaider à Varsovie; que Teucer est frère de lait de Stanislas Poniatouski; que sûrement Stanislas finira comme Teucer, et que Phares, évêque de Cracovie, passera mal son temps.
Pour moi, mes anges, je n’entends rien à tout cela. Tout ce que je sais c’est que si jamais on me soupçonnait de connaître seulement mr du Roncel, je serais sifflé à triple carillon par une armée de Pompignans, de Frérons, de Cléments et tutti quanti.
Sur ce, j’attends vos ordres, et je vous supplie très instamment d’engager votre ami à mander à mr D’Albe que je lui serai inviolablement attaché jusqu’à mon dernier soupir, tout comme à vous, si j’ose le dire.