19e juin 1772
Non, je ne puis croire ce comble d’iniquité; non il n’est pas possible que mes anges abandonnent la Crête à tant d’horreur, et qu’ils laissent plaider la cause sans que les avocats soient préparés.
J’ai déjà mandé que ce pauvre diable d’avocat Duroncel travaillait comme Linguet à mettre plus d’ithos et de pathos dans son plaidoyer, et à prévenir toutes les objections de ses adversaires. Jugez en par ces vers-ci qui expliquent précisément quelle était l’espèce de pouvoir d’un roi de Crête:
Tout ce qui pourrait fournir aux méchants des allusions impies sur les prêtres, ou quelques allégories audacieuses contre les parlements, est ou adouci, ou retranché, avec toute la prudence dont un avocat est capable. Enfin, tous les emplâtres sont prêts, et on les appliquera sur le champ aux blessures faites par les ciseaux de la police. Il n’est donc pas possible encore une fois, que des anges gardiens, des anges consolateurs, exposent aux sifflets du barreau un plaidoyer auquel on travaille tous les jours. Ils ne sont pas capables d’une telle diablerie. Ils me renverront par Marin le plaidoyer de Du Roncel tel qu’il a été estropié à la police, et on le renverra par la même voie.
Toutes les nouvelles font l’éloge de Melle St Val la cadette. Je supplie instamment mes anges de faire une forte brigue pour lui faire jouer Olimpie à Fontainebleau. J’ai mes raisons pour cela, mais des raisons si fortes, si touchantes, si convaincantes, que si mes anges les savaient ils les préviendraient avec la bonté la plus empressée. Je n’ai point de nouvelles de m. le maréchal de Richelieu, et je ne sais quand il revient.
Que dites vous du procès de la veuve Verron?