11e juillet 1772
Je vous renvoie, mon cher ange, ces Crétois que Me De Thibouville m’avait fait parvenir, avec toutes les indications qui marquaient ce que le ministère, ou ceux qui parlaient au nom du ministère, voulaient y changer.
Tous ces endroits sont corrigés dans une nouvelle copie que vous aurez bientôt. Il est essentiel que vous aiez la bonté de garder celle cy, afin qu’on puisse la présenter dans l’occasion et faire voir papier sur table à quel point on a été docile. Peut être la pièce gagnera t-elle à cette docilité. Si on l’avait jouée comme on le voulait sans rien substituer à ce qui avait été mutilé si horriblement je ne crois pas qu’on eût pu l’achever. Je la garde encor quelques tems; car dès que mon lutin me tourmentera j’y travaillerai, et je me flatte que vous serez contents.
C’est Made De st Julien qui veut bien se charger de mon paquet. Elle a passé un mois dans mon hermitage, car elle est encor plus philosophe que papillon. Elle nous a laissé bien des regrets.
Je me flatte que Madame D’Argental a repris toute sa santé dans les beaux jours que nous avons depuis deux mois.
Adieu mon très cher ange; aimons toujours les spectacles jusqu’au dernier moment.