4e Juin 1764 aux Délices
Monsieur,
Monsieur De Voltaire est toujours malade; il vous prie très instamment pour vôtre intérêt, et un peu pour son honneur, de n'imprimer les pièces de théâtre qu'il a eu le malheur de faire à ce qu'il dit que suivant l'Edition de Genêve.
On avait horriblement mutilé à la comédie le droit du seigneur par des scrupules chimériques qui ont disparu depuis. On avait aussi mutilé Zulime. Vous sentez combien il est désagréable pour l'auteur, pour le public et pour vous, d'imprimer la mauvaise leçon, tandis que l'auteur a fait lui même imprimer la bonne. Il n'y a certainement d'autre remède que de substituer dans vôtre recueil, la bonne édition à la mauvaise, en vous servant de l'édition Cramer. Mr De Voltaire vous offre de vous dédommager de vos frais, et il se flatte que vous ne ferez aucune difficulté de prendre un parti si raisonnable.
La route de Dijon est très lente et très incertaine, celle de Lyon la plus commode et la plus sûre. J'ai L'honneur d'être bien véritablement, Monsieur, vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Wagniere