1771-12-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Paul d'Ossun, marquis d'Ossun.

Monsieur,

Tous les malheurs sont arrivés à ma Colonie.
La destitution de nôtre protecteur a été nôtre perte; elle est totale et sans ressource. J’ai paié la montre aux artistes qui l’avaient faitte. Monsieur Le Comte D’Aranda nous a consolé par le meilleur vin qu’on puisse boire, et par la plus belle fayance sur laquelle on puisse manger après la porcelaine de Saxe et celle de Sève. Il ne me reste qu’à remercier vôtre Excellence de ses bontés infinies. Il faut savoir suporter son malheur. Il y en a de plus grands, et qui tombent sur des têtes plus précieuses.

Conservez moi toujours vos bontés, elles seront pour moi le dédommagement le plus ample et le plus flatteur. Je suis encor pénétré des attentions généreuses dont vous voulûtes bien m’honorer l’année passée; elles seront toujours chères à mon coeur plein de reconnaissance.

J’ai l’honneur d’être avec respect

Monsieur

De Vôtre Excellence

Le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire