19e 8bre 1771, à Ferney
J’ignore, Monsieur, si les héritiers de la princesse de Guise vous ont paié quelque chose; et je vous prie instamment de presser Mr Le Sueur de m’en informer pour me mettre l’esprit en repos; car je suis extrêmement peiné d’abuser de vos bontés.
La Colonie que j’ai fondée m’a coûté des sommes immenses. Elle réussit à la vérité, mais elle n’a plus la protection et les facilités que lui donnait M: Le Duc De Choiseul. Il m’a fallu bâtir plus de vingt maisons pour tous ces artistes, et leur avancer beaucoup d’argent, sans aucun intérêt, pour les mettre en état de travailler. Je serai ruiné si je ne suis pas secouru, mais je ne désespère pas, le ministère sait de quelle utilité a été mon entreprise. Je compte d’ailleurs sur vôtre amitié. Made Denis vous fait ses compliments. J’ai l’honneur d’être Monsieur, vôtre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire