A Chanteloup, ce 26 février 1771
Comment, ma chère petite-fille, vous aviez imaginé de laisser partir m. de Lauzun sans m'écrire par lui à moi directement! cela aurait été d'un beau sel! Je vous renvoie votre lettre du baron, j'en suis fort touchée, je vous prie de le lui dire, mais vous savez ce que je vous ai déjà mandé là desus.
Je ne puis lui écrire; je vous en envoie une que m'a écrite Voltaire, qui est une réponse à une réponse; je vous l'envoie d'abord parce que vous aimez toutes les lettres de Voltaire, ensuite pour que si, dans vos moments perdus, la fantaisie vous prenait de lui écrire, vous répondiez pour moi à celle-ci des honnêtetés, du bavardage, des coquetteries. Que si sa santé lui eût en effet permis de venir, s'il eût pu obtenir un firman pour son voyage, j'aurais regardé comme un bonheur la circonstance qui m'aurait procuré le plaisir de le voir. Puis, si vous voulez, des plaisanteries sur le firman dont il doute que je sache la signification, comme qui dirait, par exemple, qu'on nous a trop familiarisés avec les mœurs turques pour que nous ignorions leurs usages, enfin ce qu'il vous plaira. Vous trouverez et direz beaucoup mieux que moi. Je ne prétends pas vous faire votre lettre….