A Chanteloup, ce 14 avril 1772
Je vais commencer ma lettre par tout ce que j’ai d’ennuyeux à vous dire, ma chère petite-fille, afin d’en être débarrassée.
D’abord la lettre de Voltaire que vous avez envoyée à l’abbé et à laquelle il faut que je vous fournisse une réponse. Mandez lui comme la disgrâce n’ôte pas le goût, nous avons conservé la même admiration pour lui; mais que la circonspection que notre position exige ne nous permet pas d’être en commerce avec un homme aussi célèbre, et qu’elle nous fait désirer qu’il ne parle de nous ni en bien ni en mal, dans aucun de ses écrits publics, ou qui peuvent le devenir; que son silence est le plus grand égard qu’il puisse témoigner pour notre situation, et la marque d’amitié à laquelle nous serons le plus sensibles….