1770-10-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Michel Hennin.

Voiez, Monsieur, si vous pouvez quelque chose dans cette affaire, et si elle mérite qu’on vous importune.
Tout le monde vole dans ce monde. Les Confédérés Polonais volent leurs compatriotes. Les Russes volent les Turcs à main armée. Le Pape nous vole des annates, on nous a volé des rescriptions. Le nommé Sandos, natif genevois, actuellement à Genêve, a volé de la limaille d’or à Resseguier le fils dans Ferney. Il l’a vendue à un nommé Prévôt, orphêvre à Genêve, et il l’a avoué devant Jaques Resseguier, monteur de boëtes, demeurant à Geneve, rue du Temple, père de Resseguier de Ferney

Le même Sandos a volé chez Vincent, monteur de boëtes à Ferney, beaucoup de limaille d’or; mais il ne l’a pas avoué.

J’ignore si on peut faire venir Sandoz à réscipiscence et à restitution. Je m’en raporte à vos bontés, et à vôtre crédit. Mais je serais fâché que vous prissiez trop de peine pour une chose aussi méprisable que l’or, et si méprisable que Mr L’abbé Terray n’en donne à personne.

Mes respects très humbles à vous, Monsieur, et à toute vôtre famille.

Le vieux malade de Ferney V.