1770-09-20, de Claude Joseph Dorat à Voltaire [François Marie Arouet].

Votre dernière Lettre, Monsieur, m'a comblé de joïe; elle est digne d'une âme telle que la vôtre, et vous acquiert la mienne pour toujours.
Des gens mal intentionnés, des poliçons punissables avoient cherché à vous aigrir contre moi; d'une autre côté, on m'assuroit, que vous vouliez me nuire, et l'on vous attribuoit les méprisables Epigrammes dont me gratifioient quelques Littérateurs subalternes: tout cela est un malentendu que je vous prie d'oublier: mandez-moi, si vous permettez que Je mette votre désaveu dans les papiers publics, au sujet des anecdotes; Je ne veux rien faire que par vos conseils: de grâce, ne laissez point ignorer à vos amis, que J'ai tout fait pour recouvrir votre bienveillance; mes sentimens pour vous ne sont plus suspects: Je les ai consacrés dans une petite pièce à M. Diderot que Je vous envoïe: vous y verrez ce que J'ai toujours pensé de vos sublimes talens; il s'y joint aujourd'hui un sentiment plus doux; c'est la reconnaissance qu'inspire à une âme placée l'amitié d'un grand homme. Je suis, avec une respectueuse admiration,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur

Dorat