à Prangin 16 février 1755
Ma mauvaise santé, Monsieur, empoisonne toutte ma joïe.
Je ne sais plus quand je pourai avoir l'honneur de venir vous remercier: ce sera toujours trop tard pour moi. J'avais déjà songé à une petite provision de bougies, de chandelles, et de bois. Tout cela est prêt, et je voudrais bien l'être. Je vous prie de vouloir bien [p]résenter mes respects à Mr et à made Mallet. Je compte que je [le]ur écris en vous écrivant, et qu'ils me sauront gré de ma [d]iscrétion. S'ils voulaient avoir la bonté de m'envoyer dans [q]uelques jours leur jardinier, je leur serais bien obligé. Je présume avec raison que c'est un homme entendu et fidèle; il conduirait mon bois, mon vin, et quelques caisses avec un de mes domestiques, par le bateau de Nyon à Genêve. Je vous demande mille pardons de vous importuner de ces détails. Vos bontés m'autorisent presque à en abuser. Madame Denis vous fait autant de remerciments que moi; nous disputons à qui vous aimera d'avantage. J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec les sentiments qu'on ne peut s'empêcher d'avoir pour vous votre très-humble et très-obéissant serviteur
Voltaire