1770-08-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gottlob Louis von Schönberg, Reichsgraf von Schönberg.

Puisque vous poussez vos bontés, monsieur, jusqu'à vouloir bien honorer encore de votre présence la solitude du Mont-Jura, et consoler un vieux malade par les charmes de votre conversation je vous avertis pour vous encourager à cette bonne œuvre que vous y trouverez probablement m. d'Alembert.

Il a semblé bon au s. esprit et à lui de passer par chez moi en allant voir le pape. On ne peut mieux prendre son temps. J'ai établi une colonie de huguenots, c'est un petit commencemt de réunion entre les deux plus belles sectes de philosophie qui font tant d'honneur à l'esprit humain, les papistes et les calvinistes. Vous ferez trêve pour quelques jours dans ma retraite pacifique à votre grand art de tuer les hommes avec gloire et salaire. Que ne puis-je tous les ans me trouver sur votre route!

Agréez toujours, monsieur, mon respectueux attachement.