1770-07-01, de Louise Suzanne Necker à Voltaire [François Marie Arouet].

Pigal est arrivé.
Sa joye et ses transport sont inexprimable. Nous ne doutons pas que sa statue ne s'anime sous son cizeau, car il a dérobé le feu à Ferney. Tout le monde Monsieur approuve ce monument de notre admiration. Les folliculaires mêmes voudroient aussi offrir leur encens, mais nous les avons éloignez dans la crainte que la statue ne tombât sur eux, et ne les écrasât. Où la mettrons nous cette statue? Sera-ce-à la nouvelle sale de la comédie? Là j'irois chaque jour la baigner de mes larmes en sortant de Zaïre ou de Tancrède, et si quelque jeune auteur avoit eu du succez, il poseroit une guirlande de fleurs sur la tête du Vieillard.

Si elle étoit à l'académie Pigal seroit obligé d'en faire quarante, le poëte, l'historien &c. Il faudroit des siècles pour diviser ainsi ce que la nature a réuni, et le sculpteur auroit besoin pour ce grand ouvrage de l'immortalité qu'il attend de votre statue.