1770-06-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Je vous remercie mon cher Caro, de la bonté que vous avez eue de m'envoier le vidimé.
Je vous prie de me dire ce qu'il faut donner au déchifreur, et au vidimeur, je vous serai très obligé.

Je vous ai déjà mandé qu'à Paris il faut s'adresser aux saints, et non pas à Dieu; vôtre patron est actuellement St Marin, mais j'ai bien peur que tous les saints du paradis ne vous servent pas grand chose dans les circonstances présentes. Le pédantisme rêgne, les lettres sont écrasées. Malheur aux libraires, il faudra quitter bientôt le mêtier. Vous verrez qu'incessamment on regrettera les jésuites, c'est le sort de nôtre nation de tomber toujours d'une sottise dans une autre. Je vous embrasse bien tendrement.