7e May 1770, à Ferney
Je suis beaucoup plus malade, Monsieur, que je ne l'étais lorsque j'ai eu la consolation de vous voir avec Mr d'Osterwald.
Si je reviens au monde ce sera pour m'occuper de tout ce qui poura servir à vôtre entreprise. Elle m'est plus chère que la manufacture de montres que j'ai établi dans mon village, et qui prospère plus que je ne l'osais espérer.
Vous me ferez un extrême plaisir de m'envoier,
La primauté du pape,
La Législation du Divorce
Et Le traitté de l'amitié perpétuelle entre la Pologne et Catherine.
J'ai reçu ce que vous avez bien voulu m'envoier par le coche. Vous me paraissez bien mieux fournis que les Libraires de Genêve qui ne vendent que des Romans de France et des opera Comiques.
Je vous demande en grâce, Monsieur, de ne vous point constituer frais pour m'envoier les livres dont vous me gratifiez. Permettez que je vous les rembourse, et envoiez moi tout ce que vous croirez pouvoir contribuer à la petite enciclopédie à laquelle j'aurais bien voulu travailler avec vous. J'attends surtout avec impatience, le traitté de l'amitié perpétuelle, mais comme il est fait par un ennemi je crois qu'il faut s'en défier, audi et alteram partem. Tout ce que je sais bien positivement, c'est que le prince Repnin lui même a fourni tous les mémoires à Mr Bourdillon, et qu'il a fait imprimer deux mille Bourdillons à Lahaye.
Ne m'oubliez pas, je vous prie, auprès de Mr d'Ostervald.
Vôtre très fidèle ami V.. sans cérémonies.