à Ferney 1er May 1770
Monsieur,
Voicy le moment de saigner le marais de Magny.
Tout est prêt de nôtre côté. J'ai vidé et aprofondi tous les fossés qui sont prêts à recevoir l'eau. Les habitans de Magni s'offrent à travailler. Il ne s'agit plus que d'enjoindre aux riverains de faire leur devoir. Ces riverains, comme vous le savez, sont
Mr Mallet
Mr Rollet
Mr Le Curé d'Ornex
Et les frêres Maréchal, dits Guenands.
Je suis persuadé qu'un mot de vôtre part les déterminera à une opération si nécessaire. Ce marais est pestilentiel. Quand Mr De Boisy me vendit Ferney, il avertit Made Denis et moi qu'il ne fallait jamais ouvrir à midy les fenêtres qui regardent ce marais.
Il s'en est formé un autre dans le village de Ferney par la négligence des nommés Brillon et Durant, habitants de Ferney; et ce marais commence à être plus dangereux que l'autre. Il occasionne des fièvres putrides toutes les années. Brillon est tout prêt de travailler; il n'y a que Claude Durant, étranger dans le païs, qui fait le difficile, et qui ne veut pas donner d'écoulement aux eaux. Il aime mieux exposer sa famille à la peste que de travailler deux ou trois jours. Nous vous prions, Made Denis et moi de le contraindre par toutes les voies qui sont en vôtre pouvoir. Le moment presse.
Nous avons l'honneur d'être avec tous les sentiments que nous vous devons,
Monsieur,
Vos très humbles et très obéissants serviteur et Servante
Voltaire
Denis