1760-07-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Monsieur,

Quoi que vous ne m'ayez pas accusé la réception du certificat du conseil de Genêve, je me flatte cependant que vous l'avez reçu, et que le bailliage de Gex, ainsi que le Président de Brosse est enfin détrompé de l'idée chimérique que la Perrière est de la jurisdiction de Tournay.
Je suis bien étonné que dans un si petit païs on Connaisse si peu son païs.

Je n'ai point encor entendu parler de Mr de St Amand.

Mr Le Controlleur général, qui d'ailleurs a quelques bontez pour moi, ayant envoïé dans toutes les provinces des mémoires sur les défrichements, cette attention pour le bien du Royaume m'a fait naître l'envie de dessécher entièrement le marais qui est auprès de Magny, et dont la décharge vient souvent inonder mes prairies. Plus de la moitié de ce marais est actuellement impratiquable; l'autre moitié ne fournit que de la blache et des roseaux pour les bestiaux de Magny et de Mategnin. Je crois qu'il est très possible de dessécher ce marais qui tient environ une demi lieüe quarrée. Je ferai volontiers cette entreprise à mes frais, pour le bien public et pour le mien; il ne s'agit que d'être autorisé et soutenu dans mon travail.

Comme j'aurai à faire à des Communautés, j'aurai besoin de vôtre consentement. Je vous supplie d'en écrire à Mr L'Intendant, et de vouloir bien favoriser un éssai qui peut être utile à un païs dont vous voudriez faire le bonheur, et qui est très malheureux.

J'ai L'honneur d'être Monsieur, avec le plus sincère attachement

Vôtre très humble et très obéïssant serviteur

Voltaire