1770-03-02, de Étienne François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul à Voltaire [François Marie Arouet].

Je vous dois, mon cher Hermitte, devenu depuis capucin, plusieurs réponses; je m'en suis fié pour l'incertitude à madame Gargantua qui est exacte de son naturel et qui en sentiment répond pour moi.

L'affaire de Versoix m'intéresse infiniment parce que je la crois bonne, humaine et bien vue en politique; sans la liberté de religion, il ne faut pas y penser; ce serait une absurdité; c'est à cette liberté que je travaille et qui est bien dure à arracher; avant qu'il soit peu, nous saurons à quoi nous en tenir; en attendant laissez battre les Natifs, et s'entre-tuer les habitants de cette malheureuse Genève; je prendrai des précautions pour que le feu ne se communique pas chez nous, et surtout ne vous nuise pas, à vous, capucin tout indigne et génie trop cher à tous les gens qui savent penser, lire et aimer le bien.