1770-01-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jeanne Grâce Bosc Du Bouchet, comtesse d'Argental.

C'est pour dire à mes anges, que dans l'idée de les amuser, et au risque de les ennuyer, j'ai envoyé un énorme paquet que j'ai pris la liberté d'adresser à m. le duc de Praslin.
Ce paquet contient une pièce qui a l'air d'être du temps passé, et qu'on attribue à l'abbé de Chateauneuf, ou à Raymond le Grec, comme on voudra.

Cet énorme paquet doit être actuellement arrivé à l'hôtel des anges. Ils s'apercevront que par une juste providence, une pièce dont le principal personnage est un caissier dévot, vient tout juste dans le temps des cilices du sr Billard et des confessions de l'abbé Grizel. Je ne bénirai pourtant pas la providence si questa coioneria n'amuse pas mes anges.

J'ai lu le livre de l'abbé Galliani. Oh le plaisant homme! oh le drôle de corps! On n'a jamais eu plus gaiement raison. Faut il qu'un napolitain donne aux Français des leçons de plaisanterie et de police? Cet homme là ferait rire la grand-chambre, mais je ne sais s'il viendrait à bout de l'instruire.

J'ai vraiment lu Bayard et Hamelet. Je me réfugie sous les ailes de mes anges.

V.