1769-09-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Michel Paul Guy de Chabanon.

J'ai l'honneur, mon cher confrère, d'être en aucune relation avec mr Le Duc Denivernois, malgré la belle réputation que j'ai sur son compte.
Il m'a un jour refusé tout net d'interposer son autorité pour une affaire de bibus au collége des quatre nations, quoi qu'il soit aux droits du fondateur. Depuis ce tems là je me suis contenté de le respecter et de l'aimer sans lui rien demander. Mr et Made D'Argental sont très en état d'apuier vôtre demande, quoique vous n'aiez nul besoin d'apui. Je vais leur écrire, non pas pour me donner les airs d'animer leur zèle en vôtre faveur, mais pour les remercier, et pour prendre sur moi tous les bons offices qu'ils vous rendront.

Je ne sais ce que fait La Borde; je n'entends plus parler de lui; je crois qu'il oublie totalement la musique en faveur de la danse. Les jeunes gens font très bien d'être amoureux; mais il ne faut pas pour celà négliger ses talents; aucontraire, il faut les cultiver pour plaire encor plus à sa maitresse; c'est l'avis de vôtre vieux confrère qui vous sera toujours tendrement attaché.

V.