Bagnères-de-Bigorre 24 août 1769
Vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas la première fois que m. de Voltaire a affaibli quelques unes de ses productions, en voulant les corriger; la première jetée est souvent plus heureuse et plus bouillante que ce qui est revu avec réflexion et limé par une exactitude scrupuleuse. Les Triumvirs en sont la preuve. Est il vrai que Du Belloy s'emporte contre m. de Voltaire? Je ne conçois pas ce qui peut fonder ses plaintes, car ses ouvrages sont loués dans la préface des Guèbres et la modestie de l'anonyme ne peut être réputée ni suspecte ni satyrique. Il faut convenir que le peuple auteur est une horde bien difficile à conduire; si on leur donne de l'encens dans le Mercure, ils crient à la fadeur, si l'on se met au dessous d'eux dans une préface très bien écrite, ils se plaignent de l'ironie. Comment donc faire? Si pour faire sa cour à un vieux fou, les comédiens sont assez imbéciles pour gâter le cinquième acte d' Iphigénie, le public s'emporte, hue, et veut tout fracasser; en vérité, d'après cet exemple, je ne conçois pas comment les entrailles de maman Drouin sont encore à leur place, et par quel miracle la cervelle de Brisard n'a pas encore sauté.
2 Je n'en suis point étonné, car la pièce a dû être beaucoup mieux distribuée que dans sa nouveauté. . . . aharpe [La Harpe] et pour son aimable moitié; pour l'ami [?Sainthaoud] Que j'embrasse de tout mon cœur, pour Messieurs de la Brunéllerie et Poujèr, si vous les Rencontrés, daignés Recevoir les miens et les assurances du véritable attachement avec lequel je serai Toujours, Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
Le Kain
Je Réserve à vous parler de Bagnères lors que je serai de Retour à Paris. Pour le moment, je puis vous assurer Qu'en totalité ma santé se raffermit, mais je ne puis pas encor me flatter de jouïr d'un état bien Tranquile, la machine a été trop vivement attaquée dans le phisique et dans Le moral.