à Paris ce 13e janvier 1754
Je vais répondre en même tems, Monsieur, à deux ou trois Lettres que Vous m'avés fait L'honneur de m'Ecrire et à une que j'ay reçuë du sr Schœpflin, libraire, frère de M. le Professeur Schœpflin que j'ay connu à Paris et pour qui j'ay la plus grande Estime.
Je sens combien vos entrailles paternelles ont dû s'émouvoir en voyant paroitre un ouvrage de vous aussy défiguré que L'Edition de Votre histoire universelle qu'on a faite en Hollande. Il est aisé de voir que ce ne sont que de premières idées que Vous avés jettées sur le Papier et que Vous comptiés retoucher. Je ne suis point àportée de Vous rendre sur cela un témoignage aussy Eclatant que celuy que Vous paroissés désirer; mais je suis prêt à déclarer à tous ceux qui me le demanderont 1. que je n'ay aucune connoissance que Vous ayés part à cette Edition de Hollande, 2. que j'ay lieu de croire que le Libraire Neaulme a reçû le Ms sur lequel il a imprimé d'une main qui Vous Etoit Etrangère. Voilà tout ce que je sçais et tout ce que je peux dire. J'ay fait remettre à leurs adresses les différens Paquets dont vous m'avés Chargé; j'ay Vû le lendemain M. L'archevêque, je l'ay sondé sur la Crainte que Vous paroissiés avoir qu'il ne condamnât Votre Livre. Il ne s'est pas Expliqué ouvertement et il ne le devoit pas, mais j'ay compris qu'il n'y songeoit point. Ils sont actuellement occuppés du Père Berruyer qui ne leur laisse guères le tems de songer à d'autres Censures. Quant à Votre histoire d'Allemagne, je Vous suis très obligé du Volume que Vous m'en avés Envoyé. J'en ay Lu une partie avec tout le Plaisir avec lequel on Lit vos ouvrages, mais avant d'avoir lu la Totalité, je ne peux pas Encore Vous dire si on en permettra L'Entrée dans ce Pays cy. Le Libraire Lambert m'est venu trouver de Votre part, je luy ay fait la même Réponse et je luy ay dit de Venir dans quelques jours en recevoir une plus positive. Je Vous prie d'être persuadé de L'attachement avec lequel j'ay L'honneur &c.