1769-08-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Louise Denis.

En réponse à votre lettre du 2 août ou auguste, ma chère amie, je vous envoie la copie de ma lettre à Mr le Duc d'Aumont; elle est modeste et soumise, peutêtre adroite, je la crois touchante; mais c'est à La Borde à faire le reste; c'est à lui à mettre dans son parti Mr de la Sourdiere et sa favorite.
Je ne crois pas que la partie adverse puisse se formaliser de ses démarches; elle ne se mêle point du tout de ces bagatelles; elle a des soins plus importans, elle ne peut trouver mauvais qu'un domestique s'adresse à la maîtresse de la maison. Priez notre homme de venir chez vous, dites lui qu'il n'y a pas un moment à perdre; il serait ridicule et honteux d'avoir dit pendant un an qu'on jouerait son opéra aux noces de la Dauphine et de ne pouvoir obtenir cette légère faveur. Cette affaire est à mon gré plus intéressante que son procès contre un maudit Tartuffe. Tous ceux qui aiment la science gaie, doivent penser ainsi. J'ai écrit vingt lettres aujourd'hui, voici encor un billet pour votre gros neveu.