21e auguste 1769, à Ferney
Mon héros souffrira t-il qu'on donne de vieille musique à une jeune princesse?
Je lui répète et je l'assure que l'opéra de Mr De La Borde est rempli de morceaux charmants qui tiennent de l'italien autant que du français.
Qui favorisera un premier valet de chambre du Roi si ce n'est un premier Gentilhomme de la chambre? L'amie de mon héros ne doit elle pas s'intéresser à faire donner une belle fête? Celà ne lui fera t-il pas honneur? Je crois qu'elle n'a qu'à témoigner sa volonté. Je ne doute pas que Mr Le Duc D'Aumont ne se fasse un plaisir de lui donner l'opéra qu'elle demandera. Si j'osais répondre de quelque chose ce serait du succez de cette musique. Envérité il est honteux de donner du réchaufé à une Dauphine. Vous avez soutenu la gloire de la nation dans des occasions un peu plus sérieuses, et vous ne l'abandonnerez pas quand il s'agit de plaisirs. Il ne vous en coûtera que trois ou quatre paroles, et à vôtre amie autant.
Ne rejettez pas la prière du plus ancien, du plus tendre, et du plus respectueux de vos courtisans. Tout mourant qu'il est il s'intéresse fort aux plaisirs des vivants; mais il vous est encor plus attaché qu'à tous le plaisirs de la cour. Il vous suplie, Monseigneur, d'agréer son profond respect.
V.