27e juillet 1769
Dites moi mon cher ami, vôtre avis sur un cas de jurisprudence française.
C'est une suposition.
On a imprimé dans les païs étrangers un livre concernant le parlement de Paris, dans lequel on dit qu'il y a des méprises et des expressions désagréables, quoi qu'il n'y ait point de terme offensant. La voix publique attribue cet ouvrage à un jeune avocat de province, sans qu'on ait, ni qu'on puisse avoir la plus légère preuve.
On demande si le parlement de Paris est en droit d'ajourner personellement, ou même de décréter de prise de corps, sur de simples faux bruits, un jeune homme domicilié dans un autre parlement, et qui est seigneur de paroisse dans ce ressort d'un parlement de province. On demande, si aucas que messieurs de Paris prissent cette voie, le jeune avocat n'est pas en droit de demander d'être renvoié devant ses juges naturels.
On demande si pour cet éffet il doit présenter requête au conseil, ou s'il doit la présenter au parlement dans le ressort duquel il habite.
Ce jeune homme est né à Paris, mais il n'y a jamais eu de domicile à lui apartenant.
Je ferai passer à mon cher petit philosophe les arrêts concernants les mainmortables sitôt que je les aurai reçus.
J'embrasse bien tendrement mon philosophe.
V.