à Ferney 19 juillet 1769
Je n'avais point achevé, Monsieur, la lecture de l'histoire du parlement, lorsque je vous mandai que cet ouvrage me paraissait très superficiel, et d'ailleurs un plagiat presque continuel.
Mais je vous avoue que les derniers chapitres m'ont paru aussi indécents que faux et mal écrits. Qu'est-ce qu'un suplice perpétré? qu'est-ce qu'un départ pour son exil? qu'est-ce qu'un procez à faire à Damiens? Je ne connais guères de plus mauvais stile que celui de ces derniers chapitres; ils ne paraissent pas de la même plume que les premiers, et ils sont si mauvais en tout sens qu'ils ne méritent pas qu'on les réfute. Si on lisait avec quelque attention, si tous les lecteurs étaient aussi judicieux que vous, on ne m'imputerait pas de telles rapsodies; mais j'ai toujours remarqué qu'on ne lisait point, qu'on parcourait avec négligence, et qu'on jugeait au hazard. Rien ne peut égaler l'indignation où je suis, ni ma sincère amitié pour vous.